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Noisiel - Valorisation patrimoniale

 

Texte : Valentine Aldebert

Date : Septembre 2015

En 1992, la décision de regrouper les différentes sociétés du groupe Nestlé France dans un seul siège social impliquait directement le site désaffecté de Noisiel, car le siège social se devait d’occuper les anciens espaces de l’usine Menier. Le cabinet Reichen et Robert a ainsi réfléchi à une possible reconversion du site, qui garantissait l’authenticité du préexistant afin de mieux sauvegarder ce témoignage de l’histoire industrielle. En effet, Noisiel fait sans conteste parti du patrimoine industriel français (elle obtient en 2000 le label Ville d’art et d’histoire).

Une diversité de réponses fut apportée aux différentes caractéristiques et contraintes du site, telles que l’ensemble de quinze bâtiments distincts, le lourd programme à insérer dans les édifices anciens dont quatre protégés au titre des Monuments Historiques, plusieurs bâtiments neufs à édifier sur un site sensible situé dans le périmètre des 500 m autour d’un monument historique. Cette  réhabilitation concernait plusieurs points, à savoir le paysage (il faut en effet maintenir l’environnement de l’usine de Noisiel), les aménagements intérieurs (dont la mise en lumière, la signalétique et l’installation de bureaux), la construction de nouveaux bâtiments, la circulation. Il fallait surtout qu’un tel projet coïncide avec les exigences de Nestlé France...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La réhabilitation du site de Noisiel témoigne de la complémentarité de l’ancien et du nouveau, d’un vrai respect des bâtiments d’origine (des bâtiments sont restaurés), parfois insérés dans le neuf. Des ajouts (importance du clair, du lumineux, du jeu entre métal et verre) complètent parfois les anciens bâtiments, ainsi que des surélévations. L’utilisation de matériaux modernes comme l’acier ou le béton est faite de telle manière qu’elle ne rompt pas avec l’aspect des anciens bâtiments-machines du site. Les bâtiments de l’époque ont de plus subi un nettoyage.L’aménagement paysager marque également cette réhabilitation. En parallèle à l’établissement d’une végétation extérieure (sur l’île restaurant), la végétation intérieure («espaces de nature» dans les différents bâtiments) complète l’aspect bucolique du site, mais non moins industriel. Du point de vue de la circulation, les architectes ont utilisé la verrière existante pour créer un axe de circulation couvert, reliant tous les édifices situés le long de la Marne.La visite du site a permis de mieux se figurer les efforts de réhabilitation de la chocolaterie à Noisiel. Cette valorisation a consisté essentiellement à faire perdurer les bâtiments qui composaient l’usine, mais non pas les machines. En effet, il reste sur le site peu de témoins matériels de l’activité, seulement trois génératrices d’électricité dans le moulin. Ce fait s’explique par la mécanisation qu’a subie l’usine pendant l’après-guerre, et qui a donc eu comme conséquence le remplacement des anciennes machines du XIXe siècle.La visite a consisté à suivre la ligne de fabrication. Un exemple de bâtiment qui rappelle son ancienne fonction est la verrerie, où s’effectuait le triage des fèves de cacao (10h de travail par jour, 6 jours sur 7). Nous retrouvons dans l’état actuel du site la lumière, qui éblouit, et met en avant les conditions de travail de cette étape de la fabrication du chocolat (la lumière est essentielle pour ce travail). Les plaques avec des billes de verre au sol, qui amenaient la lumière au sous-sol, ont été conservées. Un autre exemple témoigne, lui, du dialogue entre l’ancien et le nouveau : il s’agit du bâtiment de tri, aujourd’hui totalement constitué de verre et abritant les bureaux de Nestlé. Le matériau principal (le verre) qui le compose permet de  refléter le moulin (donc reflète le passé).Le bâtiment des refroidisseurs présente également une continuité spatiale. La chambre des refroidisseurs, au sous-sol, est devenue salle de conférences. Certes, elle a perdu sa fonctionnalité, mais les baies qui rythmaient les façades sont encore présentes. Nous pouvons considérer en de nombreux points que la réhabilitation de Noisiel est un succès.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi, d’après Louis Bergeron, historien, et Gracia Dorel-Ferré, présidente de l’APIC, le succès « vient du fait qu’une entreprise en activité ait repris un site en décidant de le considérer à la fois comme un patrimoine historique à respecter, utiliser, valoriser, et comme un instrument de pérennisation de l’activité industrielle mené sous des formes tertiarisées » .

 

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