Company-Towns: les cités ouvrières éclairées par trois cas d'étude européens
Schio- Histoire sociale
Texte : Spencer Moise
Date : Septembre 2015
A l'origine, le quartier a été conçu comme une véritable extension de la ville préexistante, avec des logements pour les ouvriers, les techniciens et les cadres, ainsi que de nombreux équipements et services publics (écoles, église, théâtre, jardins ,etc).[1]
Selon le document produit par l’architecte Farida Cavedon, ce dernier déclarait qu’en 1890 le quartier aurait accueilli plus de 1500 habitants, soit 10% de la population de la ville[2]. Pendant la reconversion, l’objectif qui était fixé par le plan lancé par la municipalité, le quartier de Schio devrait garder toujours sa fonction résidentielle.
Le quartier a été réalisé entre 1872 et 1888 par l'entrepreneur Alessandro Rossi, patron de l'usine lanière, selon un projet de l'architecte Antonio Caregaro Negrin. L'architecte a dessiné tous les éléments du projet, du plan d'aménagement jusqu'à tous les bâtiments et l’on pouvait constater une certaine harmonie qui existait entre les différents bâtiments.
Un peu d’Histoire
Il faut souligner que dans la majeure partie des cas, les entrepreneurs installent leur usine à cause de l’avantage d’énergie hydraulique qu’ils peuvent tirer. En effet, Schio, notre cas d’étude n’en est pas exempt. Grace à la localisation de la présence du canal artificiel dénommé Roggia Maesta, le quartier Schio allait connaitre l’installation de nombreux moulins, de papeteries, de tanneries et de teintureries à l’époque proto-industrielle dont celui de Conte Antonio qui a été une manufacture, a constitué un exemple éminemment gardé et, qui au cours des années a connu une certaine expansion.
La période industrielle allait être le moment où la famille Rossi va faire l’installation de son usine spécialisée dans la production de laine. Dans l’optique d’agrandir l’espace de travail, les Rossi se sont procurés des emplacements non loin de la Fabrica Alta et se sont procuré de nouveaux bras ce qui allait faciliter l’accroissement de la productivité de l’usine. Comme dans les différentes cites ouvrières, les patrons mettent des équipements primaires pour leurs ouvriers et ce que fit Alessandro Rossi, fils de Will Rossi, premier propriétaire de l’industrie lainière. Ce nouveau patron était vu comme un paternaliste et également un philanthrope. Ceci s’est prouvé par les différentes actions posées par ce dernier au profit de ces ouvriers. Il fit construire des centres hospitaliers, des écoles pour les enfants des ouvriers dont l’éducation suivait des dogmes du catholicisme puisque le patron était de cette religion et des logements répondant à des normes. Lors d’une visite de terrain effectué sur le site, nous avons eu l’opportunité d’entrer dans une des maisons des ouvriers qui est gardée telle qu’elle était. Ceci nous a permis de comprendre l’importance que donnait Alessandro et également le mode d’organisation de l’espace familial. Dans la cité ouvrière de Schio, il y avait trois classes de logements. Une classe qui regroupait ceux des grands chefs comme Alessandro Rossi et tant d’autres qui étaient sous le même pied d’estrade que lui ; une autre pour les cadres c’est-à-dire les administrateurs, les comptables... et la toute dernière qui était celle réservée aux ouvriers. Toutefois, en toute vraisemblance Alessandro Rossi paraissait avoir de bons rapports avec ses employés. Il faut aussi mentionner qu’entre 1858 et 1872, la quantité de logements qui existaient était évaluée à 272 pour une population ouvrière de 1300 habitants et qui dans les années postérieures a pu croitre[3]. Vu qu’il existait deux grandes catégories d’ouvriers c’est-à-dire les couples mariés et les célibataires, il était impossible d’établir la quantité d’individus qui résidaient dans les maisons pour les célibataires.
Quelques années plus tard, l’on va voir la fermeture des usines d’Alessandro Rossi et qui seront transférées au profit de l’entreprise de Marzotto. Bien que les usines des Rossi soient fermées, la municipalité de Schio a voulu réhabiliter ou revitaliser cette zone et à travers un plan de requalification urbanistique et environnementale proposé par l’architecte Franco MANCUSO, ce projet va être plutôt réalisable et effectif avec le concours des architectes de Schio et également avec la participation de la population locale. Il faut mentionner que le plan ainsi que le manuel accompagnant le plan avait pour objectif de donner certaines directions pouvant permettre d’intervenir au niveau le plus bas afin de requalifier l’aspect environnemental de la zone en question tout en gardant intact les particularités historiques et morphologiques typiques des bâtiments et de l’ensemble urbanistique de la zone. Dans le manuel, l’on peut retrouver certains modes de réorganisation interne de logements de telle sorte que l’on puisse avoir des éléments de solutions qui soient en étroite corrélation aux exigences actuelles. Il prend en compte plusieurs aspects liés soit à la rénovation de certains édifices et des espaces à l’arrière des édifices, soit l’organisation des espaces publics[4]
[1] http://www.forcopar2basedesdonnees.org/Forcopar/Esemplari/Fr/Schio.pdf
[2] http://www.forcopar2basedesdonnees.org/Forcopar/Esemplari/Fr/Schio.pdf
[3] : Traces, trajectoires et territoires : le devenir du patrimoine industriel textile sous la direction de Karine HAMEL, ed Pole regional du textile, Acte de colloque, Janvier 2005, Abbaye du Valasse ; intervention de Giovanni Luigi FONTANA
[4]Intervention de Franco MANCUSO, cas de succès: le projet pour la sauvegarde et la valorisation du quartier Nuova Schio, première cite ouvrière au Colloque traces, trajectoire et territoire le devenir du patrimoine industriel, janvier 2005
Maison récuperée_ Schio | Maisons_des_ouvriers_récuperées | Rangée transversale de maisons récupérées_ Schio |
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