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La cité ouvrière de Schio - Les logements

 

Texte : Carina Marrero Leivas

Date : Septembre 2015

La cité ouvrière de Nuova Schio, en Italie

En 1817, au nord d’Italie, dans la région de la Vénétie, Francesco Rossi fonde une filature de laine qui devient un des plus grands complexes industriels du pays à l’époque. La commune de Schio, où se trouve exactement l’usine et sa cité ouvrière, se localisent dans la province de Vicenza. Cette zone est caractérisée par l’abondante présence d’eau, pourtant a facilité l’installation et le développement de l’activité industrielle, en utilisant ce réseau comme fonte d’énergie.

En 1738, Nicoló Tron a fait construit la première structure de la grande usine. Après la morte de Francesco en 1845, la filature de laine est passée aux mains de son fils l’entrepreneur et politique Alessandro Rossi qui a fait bâtir la Fabbrica Alta. C’est dans ce moment-là que « l'industrie lainière d’Alessandro Rossi connaît un développement significatif, qui oblige à l’entrepreneur à agrandir son complexe industriel[1] ». De cette manière est née la cité ouvrière Nuova Schio, « réalisée à l’initiative d’Alessandro Rossi entre le 1878 et 1888, selon un projet de l’architecte Antonio Caregaro Negrin [2] ».

 

Source : https://www.google.es/maps/
Source photo au fond : https://www.google.es/maps/

Les logements de la cité ouvrière Nuova Schio

Nuova Schio a été construite à partir de la ville existante, en constituant une extension du centre historique de Schio. Le premier bâtiment fini pour devenir logements des ouvriers a été le palazzon, composé par 4 étages avec 28 petits appartements. « Ce palazzon a été prévu également d’espaces collectifs comme cuisine, cantine, salle de récréation et de dance [3] ». 

Dans le projet initial de la nouvelle cité ouvrière, s’est décidé construire différentes typologies des logements selon la hiérarchie de chaque travailleur dans l’usine. Nous pouvons classifier les maisons de Nuova Schio, en considérant la bibliographie consultée et les opinions des experts de la manière suivante: 

Maison du Type 1 : Maison isolée (destinée aux entrepreneurs, aux maîtres d'œuvre, aux propriétaires et à ses familles)

Les grandes et luxueuses maisons individuelles disposaient de jardins qui séparaient la maison de l’espace publique, en la dotant d’une vie plus privée. Également, ces maisons ont était prévues d’un jardin potager, pour l’alimentation de ceux qui l’habitaient. Ses espaces intérieurs comptaient de trois caves au sous-sol, d’une salle de séjour, de une sale d’étude et travail, d’une cuisine, de trois chambres, et des autres espaces qui complémentaient le bon fonctionnement spatial de la maison. 

Il n’y avait pas un pattern de design pour l’ensemble architecturel de ces maisons. Elles ont était pensées et projetées de manière différente. Toutefois, elles présentent des éléments communs. Il s’agit de la présence de plusieurs toits à deux et à quatre versants, de l’emploi d’arcs pour les fenêtres et de l’existence de balcons dans la plupart des cas.

 

Maison du Type 2 : Maison cottage (destinées aux techniciens)

Les maisons moins somptueuses, mais encore remarquables, ont été bâties pour les techniciens de l’usine. Ils ont était prévus de logements confortables avec des grands espaces verts. « Toutes les maisons, selon la typologie du cottage, disposent de deux et trois appartements, dotés de grenier, de cave et d’un petit jardin potager [4] ». Des grandes fenêtres avec la présence d’arcs couvrent ses façades. Les matériaux constructifs employés ont été obtenus de la même localité comme la pierre, le bois, la brique. 

Également, les maisons pour les techniciens disposaient de toits à deux et à quatre versants formés d’armature en bois. Pour l’imperméabilisation de la couverture ont été utilisé des tuiles. Comme dans le cas de Noisiel, les maisons ont était prévues d’un système de canalisation avec gouttières et tuyaux de descente de zinc pour la collection de l’eau de pluie.

Maison du Type 3 : Maisons en formant bandes de logements unis par murs mitoyens (destinées aux ouvriers)

« Les maisons pour les classes supérieures ont été réalisées en nombre réduits, tandis que celles-là de catégorie inférieure, prévues avec structure autonome ont été substituées par maisons mitoyennes [5] ». Elles disposaient d’un jardin en face et d’un petit espace vert destiné à la plantation comme complétement de la nourriture.   Le jardin permettait la séparation entre l’espace publique de la rue et l’espace privé du logement, en donnant plus indépendance et tranquillité à la vie des ouvriers. Ces maisons étaient plus modestes du point de vue spatial et d’image. Pour son architecture, « Caregaro Negrin s’inspire des modèles belges, en leur apportant quelques modifications que les rendre plus saines : l’aperture des grandes fenêtres et l’utilisation plus rationnelle des espaces intérieurs [6] ». Du point de vue spatial, chaque maison avait des surfaces minimales, en dépendant de la quantité d’habitants. Elles comptaient à l’intérieur d’un sous-sol et de deux à trois niveaux avec la présence de caves dans certains cas. Cette différence de niveaux habitables permet le contraste de la hauteur des constructions. Un hangar composé de toilettes a été construit derrière la maison et accolée à elle.

À différence des maisons du type 1 et du type 2 destinées aux travailleurs considérés dans un statut supérieur, ces constructions plus discrètes ont été conçues d’une architecture plus simple. Elles ont été disposées une à côté d’autre, divisées par un mur mitoyen à l’intérieur et une grille à l’extérieur, qui permettait la division de chaque jardin privé. Les façades sont caractérisées par la simplicité dans la forme rectangulaire et la continuité des éléments d’ouvertures (portes et fenêtres) disposés tous dans une même direction. Les jardins, les façades et les niveaux des maisons font une ligne virtuelle tout au long de la rue, en résultant une parfaite continuation dans l’image urbaine, sans oublier qu’il existe certains cas des maisons où la hauteur est variable.

Au contraire de l’image des bâtiments, les grilles projetées et construites pour les jardins en suivant des codes du style art nouveau.

Une particularité importante de Nuova Schio est l’effet que « les ouvriers devenaient propriétaires de leurs logements. Ça c’est un élément social que nous pouvons considérer comme un des plus progressifs par rapport aux logements ouvriers [7]. » Nuova Schio disposait également de nombreux services publics : de théâtre, d’hôpital, de jardins, de places, de bains publics, d’écoles, d’église. Ils répondaient aux besoins de la communauté ouvrière, en soulignant l’esprit du paternalisme. La zone industrielle de Schio et le nouveau quartier sont vu comme un lieu « d’intérêt historique et urbanistique considérable appartenant aux plus importantes réalisations du XIXe siècle liées au développement de l’industrie [8] ».

 

[1] Augusto Ciuffetti, Casa e lavoro. Dal paternalismo aziendale alle “comunità globali”: villaggi e quartieri operai in Italia tra Otto e Novecento (Perugia: CRACE, 2004), 30.

[2] Franco Mancuso, « Un cas de bonnes pratiques : Nuova Schio » (Conférence donnée dans le Master Erasmus Mundus TPTI, Promotion VII, Dipartimento di Scienze Storiche Geografiche e dell’Antichità,  Università degli Studi di Padova, Italia, 2014), 2.

[3] Ciuffetti, Casa e lavoro, p. 30.

[4] Ciuffetti, Casa e lavoro, p. 31. Texte original en italien: “Tutte le case, secondo la tipologia del cottage, dispongono di due o tre appartamenti e sono dotate di soffitta, cantina e di un piccolo orto”. 

[5] Ciuffetti, Casa e lavoro, p. 32. Texte original en italien: “le case delle classi superiori vengono realizzate in numero ridotto, mentre quelle delle categorie inferiori originariamente previste con strutture autonoma, sono sostituite da abitazioni a schiera”.

[6] Bernardetta Ricatti, Francesco Tavone e Alfredo Talin, “Il nuovo quartiere operaio di Schio. La questione delle abitazioni”, in Schio Archeologia Industriale (sito web), s. d, consultato il 15 giugno 2014, http://www.schioindustrialheritage.it/it/page_55.html.p. 2.

[7] Commentaires du professeur Prof. Giovanni Luigi Fontana dans la visite guidée pour lui-même, à Nuova Schio et à la Fabbrica Alta, Máster Erasmus Mundus TPTI, Dipartimento di Scienze Storiche Geografiche e dell’Antichità,  Università degli Studi di Padova, Italia, 2014.

[8] Mancuso, « Un cas de succès : le projet pour la sauvegarde et la valorisation du quartier Nuova Schio, première cité ouvrière d’Italie », dans Traces, Trajectoires et Territoire (s) le devenir du patrimoine industriel textile, Eds. Karine Hamel (Éditions du Pôle Régional du Textil : Uchaud, 2005), 53.

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